Petite histoire de la mobilité

Quasiment tout au long de l'histoire de l'humanité, le terme de "mobilité" a signifié transporter les personnes et les biens à la vitesse à laquelle un homme pouvait marcher, un cheval galoper, un bœuf traîner  un chariot, ou un bateau à voile ou à rames traverser les eaux. Ce n'est qu'au
dix-neuvième siècle que l'homme a maîtrisé l'énergie de la vapeur et l'a utilisée pour se transporter beaucoup plus rapidement, lui et ses marchandises. L'invention du véhicule à moteur à essence à la fin du dix-neuvième siècle et de l'avion au début du vingtième siècle a ouvert la voie à beaucoup plus de vitesse et de flexibilité dans les déplacements. Les routes allaient là où les chemins de fer ne passaient pas et il suffisait d'une piste pour faire atterrir et décoller les avions.

A la suite de ces innovations, le 20e siècle est devenu "l'âge d'or" de la mobilité. Le volume des déplacements personnels et de transport de marchandises s'est accru à un rythme sans précédent. A la fin du siècle, ceux qui autrefois auraient passé leur vie entière dans un périmètre de 100 kilomètres autour de leur lieu de naissance trouvent normal de gagner de lointains continents pour leurs affaires ou leurs loisirs. Les matières premières, les produits manufacturés et les produits alimentaires de l'autre bout du monde sont désormais largement accessibles.

Toutes les populations et les régions n'ont pas participé sur un pied d'égalité au développement de la mobilité apporté par le vingtième siècle. A la fin du siècle, le citoyen moyen d'un des pays les plus riches peut faire comme si les distances n'ont quasiment plus d'importance.

Cependant, le citoyen moyen de la plupart des pays pauvres se transporte encore, avec sa marchandise, à peu près comme le faisaient ses ancêtres. Même dans chaque pays, l'accès à la mobilité varie fortement selon les âges, les origines ethniques et les revenus. Quel que soit le revenu moyen d'un pays par habitant, ses ressortissants les plus fortunés sont généralement plus mobiles que les plus démunis. Ils sont plus en mesure de jouir des avantages offerts par cette mobilité: vacances à l'étranger, résidence éloignée des centres bondés. Ils peuvent aussi mieux éviter les effets négatifs de la mobilité: congestion, pollution, blessures et décès à la suite d'accidents de la circulation, etc.